CR Ultra Trail de Bretagne
Après 15 jours de repos, je prends le temps d’écrire un CR sur mon premier Ultra >100km.
Samedi 26 Avril, 3h du matin, je me réveille après une nuit courte car j’ai eu du mal à dormir sans forcément penser à la course…
5h du matin, départ proche de Pontivy à la chapelle de Quelven en Guern. Mon plan de course est prêt (arrivée planifiée à 22h), objectif rester prudent toute la journée et penser à bien s’alimenter.
Toute la première partie de nuit se passe bien, je suis les autres coureurs car mes piles sont un peu en fin de vie. J’arrive au 1er ravito en eau au 17e km pile poil dans le timing, je recharge les gourdes et hop je repars. Au 26e km, 1er ravito solide, je rempli mes gourde mange un peu et repars en marchant en finissant de manger. Les paysages sont super sympa en bord de rivière et en sous-bois. Le temps se tient malgré une alternance d’averses et de soleil ; j’ai pris le parti de rester en tee-shirt et de gérer les changements de température en montant ou descendant les manchettes, les autres coureurs avec la goretex se prennent des coups de chaud quand le soleil sort. A 11h30 j’arrive au 53e km au Gros ravitaillement, je prends mon temps pour bien manger, Céline est là avec les vêtements de rechange (chaussettes + tee-shirt). Je repars à 12h, 1h30 d’avance sur la barrière horaire. J’attaque le gros morceau, 3h30 sans ravito !
Céline me dit de mettre ma veste car la pluie arrive, je dis « non, non, ça va aller ».300m plus loin, je m’arrête pour la mettre car une grosse averse est là. Ça m’énerve mais c’est comme ça. J’évite les flaques d’eau pour continuer de garder mes pieds au sec mais 1 seconde d’inattention et plouf un pied totalement dans l’eau (le pied sera resté 3min30 au sec) au bout de 10min je crève de chaud, je m’arrête pour retirer la veste. La sérénité commence à partir… surtout qu’au bout de 30min je sens un gros coup de mou arriver, il va durer 2h30… là les pensées fusent « mais putain qu’est-ce que je fou là, c’est trop long un ultra » il pleut en continue et on se prend même de la grêle. On longe une rivière, c’est long ; surtout que de l’autre côté on voit les coureurs en sens inverse « mais où est le pont pour traverser ??? ». Juste avant les roches du diables 75ekm, un petit groupe se forme et on a tous le sourire, cela nous motive et on arrive pêchu au ravito. Ouf ! 2/3 de la course de fait.
On repart tous ensemble, une dizaine ; au bout de 5km certains marchent ; moi j’ai pris le partis de courir doucement mais tout le temps, je me retrouve rapidement seul ; puis revient au fur et à mesure sur d’autres coureurs. 83e km ravito au milieu d’un champ avant de repartir un compagnon du jour arrive et me dit : « tu repars déjà ? « réponse bah ouais ça fait déjà 5min que je suis là » le fait de ne pas marcher me fait grave avancer.
Jusqu’au 100e km, dernier ravito solide, on enchaine en bord de rivière avec des montées descentes assez raides ; j’avance à un bon rythme sans trop réfléchir, et dépasse des coureurs. Je suis motivé car depuis le 53e km personne ne me dépasse, ceux qui passent, je les reprends toujours. La pluie tombe en non-stop mais je reste en tee-shirt. Le ravito est à la sortie de Quimperlé, tout le monde nous dit « c’est dans 1 ou 2km », résultat 25min donc 3-4 bons km. Il l’avait changé de place par rapport aux prévisions, Grrrrr.
Je retrouve Céline qui me dit « mon pauvre » ; 100 bornes c’est fait ! J’ai du mal à manger, je prends 2 soupes et qq gâteaux. Changement de chaussettes et tee-shirt. Mon nouveau pote arrive et me dit « j’ai envoyé à douze à l’heure et tu es là », « bah ouais ! je cours doucement mais tout le temps ». Il repart avant moi, je suis assez fatigué. Je repars en marchant sur 1km et me remet à courir mais la Tempête est là, ça fouette le visage. Je me dis plus que 20km, ça va le faire et en plus je suis toujours à 5min prêt dans mon plan de course, je peux aller chercher l’arrivée pour 22h.
Je reprends encore des coureurs qui marchent ; je retrouve le modjo au bout de 20minutes et me dis « allez Go, j’vais chercher mon nouveau pote » ; la machine tourne bien, je suis à 9-10km/h. Je reviens sur lui, on relance tous les 2, on mange un bout, c’est lui qui mène le rythme, puis il craque alors que moi la forme est au top, on va à son rythme jusqu’au dernier ravito en eau. Là il est un peu las et me dit de partir. Je lui réponds « surement pas, on a dit qu’on finirait ensemble et avant 22h, soit en 17h de course ». Je l’encourage et on arrive enfin en bord de mer, on s’attend à voir l’arrivée mais non elle n’est pas encore là. Par contre la tempête, elle, est belle et bien là. On a encore 6 km en chemin côtier, Oulala, c’est dur pour mon compagnon, je le motive mais dans la nuit face aux éléments il en chie grave !!! Enfin la tente de l’arrivée en vue, « quelle heure est-il ? » il me dit « 21h57 », « allez GO GO GO !!!, on va passer sous les 17h » Arrivée heureuse pour tous les 2 ! On est des 100 bornares.
La première nuit fut compliquée car pour bouger de 10cm dans le lit il faut une concentration extrême. 15 jours après, je n’ai mal nulle part mais je sens que les batteries sont encore vides. On jugera de l’état dans 1 semaine aux interclubs sur 5km marche cette fois ci.
Olivier