CR CCC 2012
CR CCC 2012 :
Arrivés sous le soleil à Courmayeur, je me mets à espérer que malgré les alertes météo, la course pourra peut-être se dérouler dans des conditions sympas. Cet espoir sera de courte durée, car rapidement une pluie fine arrive en même temps que l’annonce de l’organisation qui nous indique que pour des raisons de sécurité nous éviterons les cols de la Tronche et de la tête aux vents.
Je pars dans le 3ème Sas. (Le peloton des 1900 coureurs est coupé en 3, le premier part à 10h, le second à 10h10 et le troisième à 10h20). La musique, les spectateurs, l’hélico qui survole la ligne de départ… La pression monte. Ça y est c’est parti. Partagé entre l’envie d’attaquer la côte dans les premiers pour ne pas bouchonner, et la voix du coach qui résonne : « soit prudent, reste toujours en sous régime ». Je remonte dans le premier tiers du groupe. Première montée 800D+, on passe à 2 de front et je continue à grappiller des places. Ça bouchonne quand ça se rétrécit, mais je fais une bonne montée, je rattrape les dernier du 2eme sas. Premier pointage, refuge Bertone, je ne m’arrête pas au ravito. Le froid commence à se faire sentir et je file vers le refuge Bonnati ou je m’arrête mettre des gants. J’en profite pour boire un verre de coca et je file vers Arnuva. La pluie ne s’est pas arrêtée. Le paysage est magnifique et les singles roulants s’enchainent.
Nous descendons vers Arnuva pour le premier ravito solide. J’entre dans la tente qu’il faut traverser et là c’est la cohue. Au moins 150 coureurs s’agglutinent. Je décide de ne pas m’arrêter et doit jouer des coudes pour traverser la foule. La montée vers grand col Féret. Ça commence à être moins dense. Je fais la montée à mon rythme, je me sens bien, je continue à doubler des concurrents (c’est bon pour la tête). Avec la pluie, le terrain est de plus en plus gras, il faut être vigilant au posé des pieds pour ne pas glisser. On continue à monter et la neige arrive avec le vent puis le brouillard. Je suis les consignes de l’organisation et ne m’arrête pas après le pointage. J’attaque la descente vers la Fouly. Ça roule. J’entre dans le village et remplis ma poche à eau à la source. 100 mètres plus loin j’entre dans la tente pour le 2eme ravitaillement solide. Encore beaucoup de monde, mais je me force à rester pour prendre 2 cocas et quelques morceaux de fromage. Sans tarder, je m’engage vers Champex. J’envoie 2/3 SMS pour m’assurer que tout le monde sait ou je suis. Même si sur le profil, la montée vers Champex n’est pas la plus ardue, cela fait déjà 6 heures de courses, et je trouve le temps long pour y arriver. Je ne me sens pas fatigué, mais les cuisses sont douloureuses.
Voilà, super Seb m’attend, et surprise ma femme et mes enfants vont arriver pour m’encourager. Le coach est calme, il me rassure. J’ai pris une soupe chaude au passage. Je me change et enfile ma première couche Odlo. J’en aurai besoin car les conditions à Bovine s’annoncent pire qu’à grand col Ferret. Un peu de Nuk et des chaussettes sèches. J’embrasse fort ma famille et après 35mn de répit, je reprends la course. Le long du lac, un coureur de Lyon me demande si on peut faire un bout de chemin ensemble. Avec plaisir. Il est content de pouvoir encore courir et m’explique qu’avant Bovine il y a quelques kilomètres assez roulant, puis que le col deviendra de plus en plus technique à mesure que l’on montera. Dès l’arrivée des difficultés, un petit groupe s’organise et j’arrive à tenir le train engagé, plus de répit jusqu’en haut. Les pierres succèdent aux racines, les « marches » de parfois 1 mètre de haut précèdent les ruisseaux gonflés par la pluie .C’est dur et la progression est lente. La nuit est arrivée et c’est à la Petzl que nous cherchons à gagner le sommet. Le petit groupe s’étire. Vers 1800m, la neige remplace la pluie. Le groupe m’a pris quelques mètres mais je garde un bon rythme. Le froid se fait mordant, et le chemin, qui est en fait un ruisseau, nous emmène jusqu’au refuge. Enfin ça y est. J’entre dans le refuge, j’ai froid. Je prends un autre coca et me pose pour pouvoir enfiler le pantalon imperméable. Dur de remettre les gants détrempés. Un type est sous une couverture, visiblement en hypothermie. Je repars. Encore quelques centaines de mètres à grimper avant d’entamer la descente vers Trient. J’ai mal au genou droit et la descente technique qui s’engage ne me permet pas de courir. Tant pis, j’ai de l’avance sur les barrières horaire, ça devrait le faire. Cette descente est interminable, d’autant plus que lorsqu’on aperçoit les lumières de la ville, le chemin file vers la gauche pour une boucle de 2 ou 3 kilomètres. Enfin j’arrive au ravito. Je me dis que si toutes les montées sont du même acabit ça va être chaud.
Seb est là, je m’inquiète des barrières horaire, Il me rassure, j’ai plus de 4h d’avance… Après un coca, je repars. Il me propose de m’accompagner un bout, mais je décline sa proposition. Je repars vers Catogne et c’est une succession de lacets qui s’engage. Je lève régulièrement la tête, et les frontales des concurrents me renvoient qu’il y a encore du dénivelé à se taper. Mon allure en côte me rassure, car depuis l’attaque de Bovine, je ne peux plus courir du fait de mon genou. Vers 1800, à nouveau la neige, qui nous suivra jusqu’à l’autre versant. C’est accueilli par un bonhomme de neige et un grand feu de camp que je passe le col. La descente, et comme je marche, quelques grappes de coureurs, me passent, puis c’est une partie plus technique. Je suis seul de longs moments dans cette nuit glaciale.
La descente est technique, et il est difficile d’éviter les ruisseaux pour courir les pieds au sec. En bas, Vallorcine que nous rejoignons par une plaine en forte pente. Ça glisse fort. Je pourrais arriver en glissant sur les fesses style luge mais je reste debout. J’entre dans la tente, refais le niveau de la poche à eau et attrape une soupe. Je vais me poser dans un coin avec Seb, heureusement toujours là. Il me précise qu’il ne reste que 15km et 250 D+. On réfléchit sur l’horaire à donner à Florence pour qu’elle soit à l’arrivée avec les enfants. Ce sera 5h30 ! C’est reparti. La montée est super roulante et avec les bâtons, j’ai encore un bon rythme. Argentières, nouveau ravito. Je prends un thé chaud en me disant que je suis peut-être un peu en avance sur le rdv de 5h30 (je ne sais pas que toute la famille m’attendras dès 5h, tant pis) Il reste 10km et je me trouve à nouveau un compagnon qui est dans le même rythme (la marche…) Nous ferons ensembles ces 10 dernières bornes dont les 3 dernières nous sembleront interminables.
Arrivée dans le faubourg de Chamonix. Le centre sportif, puis les cabanes du salon du trail. Là un avion me dépasse, c’est François D'Haene futur vainqueur de l’UTMB. Un dernier virage je vois Seb avec mes enfants. J’en prends un par chaque main et vais passer la ligne. Ça y est, Je l’ai fait. 802ème en 19h19, avec au GPS 91.2km et 5000D+. Je suis heureux de partager cela avec le coach et ma famille.
Allez en route pour la douche et un peu de sommeil. Je me sens encore bien, malgré le genou douloureux. La prépa était au top !
Un grand merci au coach, à ma famille et à tous ceux qui m’ont accompagné au cours de la prépa (Fred, Alain, olivier, et tous les autres pour leurs encouragements Isabelle, Olivier, Patrick…)
Les stats de la course :
Par Sylvain