EAC Team Trail Aventure

Après 1 semaine de repos de corps et d’esprit voilà ce que j’ai retenu de mon périple en Picardie.

Mon 100km ne s’annoncent pas sous les meilleurs hospices, mon corps est en souffrance un peu partout, mon kiné et mon ostéo font ce qu’ils peuvent pour que le maximum de clignotants passent au vert…mon pied droit est encore faible et j’ai un « ktape » pour me soutenir la voûte plantaire…Je croise les doigts.

On arrive à Amiens vers 12h30, avec Fred (mon Poulidor pour la journée de demain) on décide de manger en ville…après un petit resto vite fait c’est l’heure d’aller chercher le dossard…Nous sommes une trentaine à attendre notre cézame  (l’organisation piétine un peu)…je me rend compte que je suis le seul  à retirer un dossard pour le 100km…ils sont tous sur le marathon…bon ben ça refroidit un peu…mais je reste « cool in my mind »

Il est 19h30…tout est prêt pour le lendemain (mes affaires, le vélo est dans le coffre, plus le change dans le sac de Fred, une chambre à air de secours…) et avec Fred on révise le protocole alimentaire

10km overstim gel antioxidant liquide

20km overstim gel energix citron liquide

30km Gel aptonia caféine...(fort en goût)

40km overstim gel antioxidant liquide

50km overstim gel energix fruit rouge liquide

60km gel aptonia caféine...

70km overstim gel antioxidant liquide

80km overstim gel energix citron liquide

90km overstim gel energix coup de fouet liquide

Il est 4h45…je me lève et nous avons bien dormi…on déjeune tranquillement  puis on part pour Amiens. Le temps est moins froid que prévu (il a plu cette nuit), il fait 9°…Je suis habillé en manche longue et cuissard skins pour éviter un max les frottements, auxquelles j’ai ajouté de la crème exprès, plus des sparadra sur les tétons.

Avant le départ nous croisons Alain qui vient à notre rencontre, ça me fait super plaisir de le voir et ça me permet de rester détendu.

Il est 6h00, c’est l’heure du départ…Je rentre de suite dans ma bulle et je me mets à mon allure de course…11km/h…nous partons pour 2 boucles en centre-ville, bof L ! A la fin de la première boucle 10é km, je passe en 55’35…super je décide de rester à cette allure…A ce moment-là c’est à Fred de rentrer en action…Gel ! (je lui dis)…tout est prêt !..il a même prévu de l’eau plate pour accompagner chaque prise de gel...c’est parfait.

Nous voilà partis pour le 2 ^{e tour}, on discute pour faire passer le temps…je contrôle l’allure, on approche du 20^e km et je fais mon premier arrêt petit coin…après 2’30 c’est reparti.

Je passe au 20^e en 1h51’…c’est parfait…je me sens toujours ok, pas de douleur au pied ça me rassure...Le jour commence à se lever c'est pas trop tôt.

Fred continue à être au petit soin pour moi, on s’aperçoit que le parcours n’est pas si facile que ça au sortir d’Amiens…Un trail sur route…ouah !...c’est bon ça !...Sauf que là tous les mecs courent et y’en a pas un qui a le temps de prendre une photo ! ;-D

Je passe au 25^ème km… « déjà  ¼  de fait » que je dis à Fred.  Cela fait maintenant 15’ que nous longeons le canal de la Somme, c’est plutôt jolie. Je suis dans les  60 premiers…à la vue des résultats de l’année dernière je me dis que ça part fort ou que le niveau est meilleur que l’an dernier…On verra.

Toujours à bonne allure je rattrape un petit groupe de coureurs, ils sont 5. Je décide de les passer un par un, je préfère être devant…tout en gardant mon allure de course, je contrôle mon GPS…qui affiche 11.1km/h. Vers le 30^ème on quitte le plat du canal pour les petits vallons de la campagne Picarde !..hein !.

J’ai lâché mes acolytes du moment, je suis seul…le prochain coureur est au moins à 500m devant moi. Avec Fred on continue à discuter tout en restant vigilant à mon alimentation…Et déjà vers le 38^e nous croisons le premier sur le retour, puis le second qui n’est pas très loin et son allure est énorme (c’est  Jérôme Bellanca, le champion de France et le vice-champion d’Europe en titre et futur vainqueur de l’épreuve en 6h47’41).

Nous passons au 40^ème, je suis classé 51…c’est l’heure du pastis !...Puis nous approchons de la distance marathon que je passe en 3h52’…tout va bien !...J’ai déjà doublé un gars du 100km ainsi que certains relayeurs. Nous arrivons près du premier demi-tour, je croise Stéphane, il a l’air bien et me dit qu’il y a du vent de face !...Bon, on verra. Je me ravitaille et je prends pour la première fois du salé (vache qui rit + banane…berk !...ça fait un peu gloubiboulga dans ma bouche !)

Nous voilà arrivé au 50è..Pour la première fois je commence à trouver les km en peu long !...mais ils font toujours 1km L…Et je suis toujours à la même allure…c’est la tête qui ramollit. Soudain, quelques hectomètres plus loin je vois mon épouse Sarah,  mon beau-frère, mes enfants et mon neveu qui viennent vers moi et m’accompagnent quelques mètres…ça me fait carrément plaisir et ça me permet de penser à autre chose qu’à mes km.

j’arrive à un ravito, je suis regonflé à bloc ! Comme à son habitude Fred s’occupe de l’intendance, il est au top !...un peu plus loin nous croisons Alain, il m’encourage ç’est toujours des bons moments pour la tête.

Les 60kms sont proches et déjà il y a des abandons, je commence à rattraper un autre coureur, puis 2, puis 3…petit à petit, tout en restant à l’allure. Un peu après le 60^ème km je commence à avoir des douleurs pulbalgiques, les mêmes qui m’avaient contraint à courir à 9km/h sur les 15 dernier km du trail de la pointe de caux. Je décide de m’arrêter un peu, je me force à uriner…ça à l’air de me détendre la zone douloureuse…Je suis un peu inquiet mais décide de serrer les dents et de continuer, on verra bien.( la douleur restera toujours présente mais s’allègera au fil des km)

Aux alentours du 70^ème, à la faveur d’un ravitaillement je rattrape Stéphane, il me dit que ça va mais qu’il a les cuisses dures. Je ne m’attarde pas au ravito et je repars…je fais 2km et je suis stopper nette par une crampe soit au petit fessier soit à l’insertion de l’ischio ???...je prends le temps de bien m’attirer (steph me redouble)…Je reprends ma course…Elle ne reviendra plus !...ouf ! (à ce moment la Fred était inquiet pour la suite…il connait bien mon problème de crampes)

Un peu plus tard, en regardant le sol, un peu dans mes pensées,  je vois sur le sol, 75^ème km, je dis à Fred « Saintélyon ! ». ..C’est l’objectif pour Fred, Will, Nico et moi début décembre.

Très souvent Fred me rassure, il me dit que j’ai l’air bien et que mon allure est toujours la même…ça me rassure beaucoup.  Je contrôle mon GPS, en effet je suis toujours à 11km/h en instantané…je me surprends moi-même. Ma tête va bien, j’ai l’impression que les moments difficiles sont derrière moi. Fred m’oblige à me ravitailler, je suis en train de puiser mentalement et j’en oublie de boire…Merci !

 Je croise des coureurs aux ralenti, certains même ont décidé de faire la sieste, tandis que d’autres jettent l’éponge ou sont à la dérive…ils n’ont pas Fred eux ;-). Quant à moi je me sens toujours aussi bien, même si physiquement mon corps est en souffrance un peu partout, comme si j’étais grippé…Je prends  un fervex et ça repart !…non j’déconne… ;-))…Enfin j’arrive au 86km…dernier demi-tour et direction l’arrivée…Bon y’a encore 14kms…mais ça sent bon, dans ma tête tout devient possible, mais je reste prudent, une défaillance est si vite arrivée.

J’arrive au 92^ème, ma femme, mes enfants, mon neveu et mon beau-frère sont là, ils m’encouragent…ça me fait du bien, ça sent l’écurie et ça me donne des ailes…je visualise de plus en plus ma réussite et c’est enivrant à presque 9h de course…je n’ai plus mal nul part.

Vers le 95^ème, Fred me dit « pour moi c’est la plus belle course que tu ais réalisé »…ces petit mots me font super plaisir et me donne de la force pour finir…Et pourtant je vous assure que ce sont les 5km les plus long de ma carrière de coureur ;-p

Les 2 derniers km arrivent, je commence à savourer, mais je reste concentré c’est plus fort que moi. Il y a pas mal de trottoir sur la fin du parcours, ça serait quand même dommage de me « peter » une cheville tout ça parce que c’est la fête dans ma tête ;-).

Ça y est c’est enfin le dernier kilomètre tant attendu, je félicite Fred, notre joie est  immense et  vivement partager…tout en courant je crie plusieurs fois mon bonheur d’arriver au bout…Les commissaires de course nous portent « en héro »…Les marathoniens  sont relégués au rang de coureurs du dimanche, on sent vraiment la différence…Allez dernière ligne droite, Fred verse sa petite larme depuis le dernier kilomètre, il est aussi heureux que moi (ou plus peut être). En effet c’est une joie partagée, ce n’est pas simplement la course d’un seul homme, mais la course d’une équipe, comme deux frère d’armes et ça c’est fort !

La ligne d’arrivée est toute proche, je savoure les derniers 100 mètres…J’y suis a-rri-vé !...je termine 22^e en 9H25’54 de bonheur.

Même encore aujourd’hui je n’arrive pas à décrire cette sensation, mélange à la fois de joie, réussite et d’aboutissement…que je ne partage pas seul, mais avec mon pote Fred et ma famille. Je fais la fierté de mes enfants… « Papa, 100 km ! ouah ! ».

Mon copain, Stéphane terminera aussi sous les 10h, en 9h41…Bravo à lui, surtout quand on sait qu’il l’a fait seul !

By Seb